12/11/2008

impuretés



L'année 1951 est également celle de l'arrivée des tout premiers magnétophones en Europe. Pierre Schaeffer, ingénieur et musicien au Club d'essai de la Radio Télévision Française où il réalise des bruitages et ambiances divers, comprend très rapidement que la manipulation des sons et les éléments de prise de sons peuvent susciter un art nouveau. Il s'intéresse surtout à leur valeur sonore, dégagée de la cause ou de l'instrument qui les produit. "Etude au chemin de fer" (1948), composée à partir d'enregistrements de locomotives à vapeur, utilise en fait un tourne-disques et non un magnétophone, permettant le collage d'enregistrements, les variations de vitesse, l'effet rayures en continu et des enregistrements inversés. La musique concrète ne peut être réalisée qu'en studio, la composition devient un acte physique, portant sur des objets sonores concrets, elle offre aux musiciens un champ d'investigation nouveau, complètement indépendantdes règles traditionnelles de la musique occidentale. 


Pierre Schaeffer : "J'invitais les compositeurs et les auditeurs à remettre en cause l'opposition primaire entre son et bruit en découvrant la musicalité potentielle de sons habituellement considérés comme bruits aussi bien qu'en repérant, dans le son prétendu pur, le bruitage implicite : grain du violon ou de la voix, présence dans une note de piano du choc répercuté sur la table d'harmonie, foisonnement complexe des cymbales etc. On fera bien de se souvenir qu'il ne s'agit pas d'imperfections regrettables : ces prétendues impuretés font partie même du donné musical".